Entrevue avec un opérateur de pelles mécaniques

REPÈRES ta carrière (Entrevues)
5 décembre 2025
Simon Julien

Opérateur de pelles mécaniques : un métier de précision, de coordination et de responsabilité, souvent méconnu, mais essentiel sur les chantiers. Simon Julien incarne cette profession avec passion. Il trace son chemin avec la même rigueur que dans ses manœuvres quotidiennes. Pour lui, chaque jour aux commandes d’une pelle est l’accomplissement d’un rêve d’enfance.

Simon Julien
Monco Construction Inc.
Opérateur de pelles mécaniques
Question
Comment avez-vous choisi votre métier?
Réponse

Depuis mon enfance, je rêvais d’opérer une pelle mécanique. Observer ces machines en action me fascinait : puissance, précision, impact concret sur le chantier... Toutefois, à l'époque, l'accès au DEP en conduite de machinerie lourde était très limité, avec des années d'attente ou des coûts élevés dans le secteur privé. J'ai donc mis ce projet en attente.

Les années ont passé, et bien que j'aie occupé différents emplois, ce rêve ne m'a jamais quitté. Un jour, j'ai découvert une annonce pour une AEP en conduite d'engins de chantier, un programme intensif de trois mois. J'ai aussitôt posé ma candidature, j'ai été accepté et j'ai réorganisé ma vie autour de cette formation. C'était le moment d'agir.

Question
Quel est votre parcours de formation?
Réponse

Mon cheminement a été atypique. Jeune adulte, j'avais entamé un DEP en réfrigération, attiré par les perspectives salariales. Cependant, la formation était offerte à La Chine, loin de mon domicile, et j’étais sans soutien financier, j'ai donc dû abandonner.

Par la suite, j'ai exercé divers métiers : charpentier, déménageur, j'ai même dirigé ma propre petite entreprise de transport. J'ai toujours eu des affinités pour les métiers manuels. À l'âge de 37 ans, l'occasion s'est présentée de retourner aux études, cette fois pour une formation en opération de machinerie lourde. Mon secondaire 4 était suffisant pour y accéder. Le programme était intensif, mais axé sur la pratique, ce qui m'a permis d'acquérir rapidement les compétences nécessaires pour intégrer le marché du travail.

Question
Quelles sont vos tâches dans une journée type de travail?
Réponse

Ma journée commence avant le lever du soleil. Je me lève vers 4 h 45, alors que la maison est encore silencieuse. Je prends un café en consultant la météo, un réflexe quotidien. Peu importe les conditions, je dois être prêt.

J'arrive au chantier vers 6 h. Le site est encore calme, les machines immobiles, mais on sent déjà l'activité imminente. Je procède à l'entretien de ma pelle : graissage, vérification des niveaux, inspection visuelle. Je m'installe ensuite dans la cabine, j’ajuste mon siège et je me connecte à la machine.

Dès 7 h, le travail commence. Selon les besoins, je peux creuser des tranchées, charger des camions, déplacer des blocs de béton ou façonner le terrain avec précision. J'apprécie lorsque le contremaître me laisse une marge de manœuvre : c'est dans ces moments que je me sens pleinement opérationnel.

La coordination avec les travailleurs au sol est constante. Par signes ou regards, nous nous comprenons rapidement. La communication est essentielle pour assurer la sécurité de tous.

Les repas sont souvent pris rapidement, parfois dans la cabine ou à proximité du camion-outils. Vers 16 h 15, la journée se termine. Avant de quitter, je vérifie toujours que tout est sécurisé pour le lendemain. C'est important de terminer la journée avec le sentiment du devoir accompli.

Question
Qu'est-ce que vous aimez le plus de votre profession?
Réponse

Ce que j'apprécie le plus, c'est de me lever le matin avec l'envie d'aller travailler. Cela n'a pas toujours été le cas dans mes emplois précédents, mais aujourd'hui, j'attends le lundi avec enthousiasme. C'est un privilège de pouvoir aimer son travail.

Conduire une pelle, c'est un peu comme jouer d'un instrument de musique. Il y a un aspect technique, mais aussi un plaisir intuitif, une sensation d'harmonie avec la machine. Lorsqu'on maîtrise ses mouvements, chaque geste devient fluide et efficace.

Je ressens aussi beaucoup de fierté de pouvoir participer à des projets tangibles. Voir un parc s'aménager, une route se dessiner, et savoir que j'y ai contribué me procure un grand sentiment d'utilité. Chaque chantier est unique et chaque journée apporte ses défis. La routine existe peu dans ce métier.

Question
Qu'est-ce que vous aimez le moins? Quels sont les défis?
Réponse

Les débuts ont été exigeants. En tant que nouvel opérateur, il me manquait les réflexes et la fluidité. La machine semblait parfois récalcitrante, et la pression de performer sous le regard des autres n'aidait pas. Je me souviens d'une journée où j'ai fait tomber un tuyau de drainage – rien de dramatique, mais suffisamment marquant pour ébranler ma confiance. Ces épreuves m'ont toutefois permis de progresser.

Il faut également s'attendre à une certaine instabilité au départ. Les employeurs préfèrent souvent les travailleurs expérimentés. Il faut donc accepter des contrats temporaires, faire ses preuves et construire sa réputation avec patience.

Question
Une chose méconnue de votre métier?
Réponse

Contrairement aux idées reçues, le travail d'opérateur de pelle est loin d'être purement physique. C'est un métier très mental, qui exige une concentration constante. Il faut prévoir les mouvements, évaluer les distances, et garder un œil attentif sur l'environnement.

C'est aussi un travail d'équipe. La coordination avec les autres intervenants du chantier est essentielle. Une bonne communication prévient les erreurs et garantit la sécurité de tous.

Question
Est-ce que votre travail exige des capacités particulières?
Réponse

Certainement. Ce métier demande une excellente coordination, de la dextérité et la capacité à réaliser plusieurs actions en simultané. Il faut également être attentif, réactif, et capable de rester calme dans des situations tendues.

Même si le travail est peu exigeant physiquement, il se déroule tout de même en extérieur, dans toutes les conditions climatiques. Il faut aussi être à l'aise avec cette réalité.

Question
Quelles sont vos conditions de travail?
Réponse

Je travaille 45 heures par semaine, du lundi au vendredi. Les journées démarrent tôt, mais elles sont bien structurées. En été, le volume de travail est important. En hiver, il peut y avoir une période de chômage, surtout en janvier et en février, mais les opérateurs de pelles sont généralement les derniers concernés.

Un des grands avantages de ce métier est la protection offerte par la Commission de la construction du Québec (CCQ) : un bon régime de retraite, des assurances solides et deux payes de vacances par année. C'est un cadre très rassurant.

Question
Constatez-vous une évolution du métier?
Réponse

Oui, principalement sur le plan technologique. De plus en plus de machines sont équipées de GPS 3D, d'écrans de niveaux et d'assistances à la conduite. Ces outils facilitent l'apprentissage, notamment pour les nouveaux. Cependant, une grande partie des chantiers utilise encore des équipements plus anciens. Il faut donc savoir travailler avec et sans technologie.

L'autre grand enjeu est la pénurie de main-d'œuvre. De nombreux travailleurs partiront à la retraite dans les prochaines années et peu de jeunes semblent prêts à prendre la relève. Il faudra accompagner cette transition, partager nos compétences et valoriser la profession.

Question
Suggestions à donner à quelqu'un qui voudrait faire ce choix de carrière?
Réponse

Si vous hésitez, commencez comme manœuvre. Vous apprendrez le fonctionnement d'un chantier, le langage spécifique au milieu et vous développerez une base solide avant même d'entamer une formation. Cela vous donnera un net avantage.

Assurez-vous aussi que vous aimez ce type de travail. Si vous êtes attiré par la conduite, la mécanique, les environnements dynamiques et que vous êtes curieux de comprendre comment les choses fonctionnent, ce métier est probablement fait pour vous. Mais si vous recherchez uniquement un bon salaire, sans intérêt pour le métier lui-même, vous risquez d'être rapidement déçu.

Enfin, soyez patient. Les premières 5000 heures sont cruciales. On devient compagnon après 2000 heures, mais on devient vraiment compétent avec l'expérience. Il faut accepter de commettre des erreurs, demander conseil, persévérer. C'est un métier exigeant, mais enrichissant, qui offre stabilité, fierté et un véritable sentiment d'accomplissement.

 

*** Des outils d'intelligence artificielle (IA), dans un environnement contrôlé et sécurisé, ont été utilisés pour soutenir la rédaction de ce contenu qui a toutefois été soigneusement retravaillé et certifié par l'Équipe Repères. ***

Équipe Repères